Reportage: La lagune de Somone toujours plus belle

La journée de repos de samedi a été mise à profit par l’équipe de Teranga pour aller redécouvrir la lagune de Somone sous la conduite experte de Celio, le président du comité de gestion intercommunautaire Somone/Synthia.

 

Un oasis de fraîcheur dans ce ciel de brutes qui chauffe l’ombre ce midi à 32 degrés. Voilà la lagune, sitôt contournés les chalets de paille de l’hôtel Baobab.

Devant nous, des bateaux peints larguent les amarres chargés de touristes. Nous filons vers un premier banc de sable, ou attendent paisiblement des dizaines d’oiseaux. Les goélands et les sternes boudent de leur côté. Nous avons l’oeil rivé sur les augustes pélicans. Certains décollent lourdement, d’autres font cercle autour de leurs proies qu’ils chassent en meute. Une aigrette tricolore marche sur des hauts talons faisant fi de nous. En ce moment les gravelots sont là et complètent le tableau.

 

Huîtres grillées

 

Notre bateau file vers les palétuviers, croisant le chantier naval Arcandia et ses vedettes en polyester bien rangées. Puis les huîtres, qui poussent dans des poches immergées, soutenues par de petit radeaux de bois. Ils peignent des traits de lumière sur la surface de l’eau.

Les femmes huîtrières, cassées en deux, jambes droites et torse penché à la verticale, nettoyent les huîtres et les grillages des poches sur la rive, devant le petit marché que complètent désormais des rangées de tables à dégustation. Ici vous mangerez vos huîtres grillées au feu de bois. Une merveille. Plus loin, les huîtres de Norbert, l’ostréiculteur breton, seront consommées comme chez nous, citrons locaux garantis.

 

Réalité africaine

 

Nous glissons sous les branches de la mangrove, océan de verdure inondé de lumière. Le lagune joue les nymphéas de Monnet, avec ces milliers de petites pousses de palétuviers replantées par l’homme, ou tout simplement semées par le vent et ensevelis dans le sable à la faveur des trous de vers, à marée basse.

Les balbusards pêcheurs font de longs dessins dans le ciel et s’apprêtent à se jeter sur les anguilles. Il paraît qu’il y a ici des serpents python inoffensifs, et même des crocodiles, dans les eaux douces tombées du plateau de Thiès plus à l’intérieur des terres vers Bandia.

Au retour, le bateau s’arrête devant le baobab sacré du père Jean dit Baye Sang, « personnage légendaire de la réalité africaine », comme clame doctement Célio, un fétiche auquel on apporte toujours le repas et le couvert. On couvre son petit baobab de coquillages ramassés de la main gauche pour porter bonheur.

Quatre membres de Teranga, frappés la veille par un drame familial, se recueillent devant cet emblème de paix surgi de nulle part, et jettent des pétales de fleurs au vent.

 

Veille collective

 

Les communes autour de la lagune se sont regroupées en 1999 pour protéger leur réserve. Cinq mille personnes en vivent, directement ou indirectement. Les guides, les employés de la lagune, les aquaculteurs, les restaurateurs des « quad-bars » au bord de l’eau, les hôtels de Somone, les taxis qui font le va et vient depuis la station balnéaire de Saly. Cela fait du monde.

Progrès spectaculaires. Les guides coupent leur moteur hors-bord dès l’approche des oiseaux, connaissent désormais parfaitement toutes les espèces, ramassent systématiquement les rares sacs plastiques qui tapissaient autrefois les arbres et les vagues et qui ont aujourd’hui complètement disparu du paysage.

Les pilleurs de bois ont enfin été éradiqués, au prix d’une veille collective sans merci.

Philippe LE BARILLIER, pour Teranga

Pratique: 7,5 euros l’entrée, guide compris ou en canot personnel.

 

DIAPORAMA

Ce diaporama nécessite JavaScript.


Laisser un commentaire