Nous avons relevé dans les médias sénégalais une information importante pour l’avenir de la lagune de Somone face aux appétits immobiliers. PressAfrik par exemple annonçait clairement fin décembre: « les paysans et éleveurs établis à Guéréo peuvent pousser un ouf de soulagement. La Cour suprême leurs a restitué 378 hectares. Les terres avaient été attribuées à une société étrangère privée ».
Nous avons cherché à savoir plus précisément la portée de cette décision de la Cour suprême auprès d’amis de l’association Teranga Cherbourg qui connaissent bien le sujet.
En fait, il semble y avoir plusieurs éléments qui se côtoient, mais sans rapport les uns avec les autres.
L’Aire marine protégée a changé la donne à l’embouchure de la Somone
Pendant la campagne électorale, Maky Sall, candidat-président, avait signé deux décrets autorisant l’aliénation de dizaines d’ha, et la vente de 52 ha de terrains côté Guerreo, du camp de repos militaire jusqu’à l’embouchure de la lagune.
Cette question dangereuse pour la lagune semble avoir été définitivement réglée quand la Réserve Naturelle d’Intérêt Communautaire de Somone a été transformée en Aire Marine Protégée de Somone (AMPS), qui intègre ces 52 ha. Les Aires marines protégées ont plus de pouvoirs de contrôle que les réserves naturelles, tout en étant gérées de la même manière, par les communautés adossées à l’Etat représenté par des agents des parcs nationaux.
Les collines de Guereo plutôt protégées par un manque d’argent
Selon nos informations, un architecte urbaniste avait réussi à se faire attribuer des centaines d’ha pour réaliser un vaste ensemble touristique et immobilier avec grande surface, casino, nombreux logements, sur ces collines de Guerreo… Mais sans financement, il n’aurait construit que deux logements alors qu’il s’était engagé à réaliser tout son projet dans un délai assez court, qui est largement dépassé.
Sans ces constructions, l’Etat Sénégalais serait abilité à revenir en arrière et à desattribuer ces terrains.
D’autres menaces pour la lagune
On entend parler d’autres petites affaires et tentatives d’entrées immobilières dans la lagune, dont les deux dernières importantes seraient une double autorisation de lotir à l’intérieur de la lagune, sur une île interne au milieu de la mangrove et sur un autre îlot dit du village peul, vers les tannes, là ou il y aurait des trésors ancestraux.
Les habitants déplorent aussi l’attitude de propriétaires qui chercheraient à avancer doucement leurs murs et leurs espaces en entrant dans la zone protégée discrètement mais sûrement.
Il faut surveiller – aussi et surtout – le projet de port en eau profonde de Ndayane, qui redémarre avec des financements: plus d’un milliard de dollars. L’Etude d’Impact Environnementale et Sociale a été refusée, mais elle aurait été relancée dernièrement.
» Il y a là un risque de retrait du trait de côte de toute la petite côte, de Ndayane à Mbour… Et à la clé, nous dit une personne bien informée, la disparition de la lagune et d’une partie de Somone. »
Une chose est sûre: la surveillance de la lagune, joyau de Somone, est toujours aussi impérative. Nous remercions les utilisateurs de ce blog de nous fournir à leur tour les informations dont ils disposent pour que nous puissions compléter cet article et confirmer ou infirmer certaines de ces informations.
Bonjour
Je vois que ça bouge. Je suis contente car je suis à l’initiative en 1999 de la classification de la Lagune en réserve. J’étais affolée de voir que la politique bafouait les mesures qui avaient été prises, que certains s’étaient permis d’abattre des Baobabs.
Espérons que la nature reprenne ses droits? Il faut que cette réserve recouvre ses droits.