Avant de connaître un peu mieux les coutumes du Sénégal, TAJABONE n’était pour nous que la merveilleuse chanson qui avait propulsé Ismaël Lô en tête d’affiche dans le monde entier et que nous interprétions spontanément comme une sorte de jolie berceuse destinée aux enfants.
Aujourd’hui, nous savons qu’il s’agit en réalité de la célébration du nouvel an musulman, Tamkharit, selon lequel nous sommes à présent en l’année 1637.
La veille du nouvel an, on mange traditionnellement un couscous et dans la soirée a lieu une sorte de joyeux carnaval où les garçons se déguisent en filles et où grands et petits se déploient en groupes, tapant sur des tam-tams improvisés (bonbonnes en plastique, vieux bidons de métal, emballages divers…) et brandissant des coupelles destinées à recevoir quelques piécettes ou bonbons.
Pour mieux jouir du spectacle nous avons mangé à la terrasse d’un restaurant au cœur du village et toute la soirée, ce fut un défilé de figures farinées, faux-seins ou faux-derrières rembourrés de coussins, adolescents ou adultes aux lèvres barbouillées de rouge à lèvres, faux-cils, sacs à main, certains perchés sur des talons-aiguille et marchant avec difficulté, moulés dans leurs mini-jupes, semblables à de véritables « drag-queens » ! Et bien sûr tout cela dans le bruyant et joyeux tintamarre des bâtons frappant les bidons et des klaxons des voitures bloquées sur le «goudron».
Soulignons au passage que certains « toubabs » ont aussi joué le jeu et se sont déguisés eux aussi en femmes avec beaucoup d’humour et de dérision sans pouvoir égaler néanmoins l’élégance et la finesse des longilignes sénégalais, semblables à des mannequins de haute couture!
Au final ce fut une agréable soirée et une occasion de rencontrer nos petits élèves chanteurs dans un autre contexte que celui de l’école, ainsi que tous nos amis.
Nul doute, les Somonois savent faire la fête !
Marie-Christine