Voici quelques jours, les bénévoles de Teranga Cherbourg se sont rendus à un spectacle de lutte sénégalaise qui était donné sur la place principale de la ville de Somone. Ils racontent cette étrange expérience.
Nous arrivons à 21h guidés par les tam-tam et les chants des femmes déjà sur place.
Nous nous installons sur des chaises disposées autour d’une vaste arène entourée de bâches destinées à décourager les resquilleurs.
Au fond, l’ensemble des musiciens percussionnistes accompagné par un groupe de femmes qui tour à tour psalmodient des chants en langue « Serere », sorte de mélopée envoûtante et répétitive. Nous sommes littéralement happés par cette musique dont le volume sonore n’aurait rien à envier à un concert au Stade de France.
Des signes mystérieux et des grigris
Nous attendons, puis peu à peu des petits groupes de deux ou trois personnes entrent dans l’arène. Un lutteur et deux ou trois accompagnants qui s’installent autour du terrain selon un rituel bien défini mais dont les règles nous échappent. Le lutteur se prépare, se verse de l’eau sur le corps, ajuste ses grigris et, en compagnie de son entraîneur, commence à s’échauffer en marchant d’un pas lourd à grandes enjambées, dansant et parfois décrivant des signes mystérieux dans la poussière. Il est 22h et les combats n’ont toujours pas commencé. Un lutteur attire notre attention par des gestes outrés et son comportement fantasque. On nous dira qu’il s’agit d’un « amuseur » payé pour apporter une note de fantaisie au spectacle.
L’arène continue à se remplir, la musique et les chants sont toujours aussi fort présents.
Dix zébus à gagner
Nous voyons déambuler ces hommes, des colosses aux cuisses impressionnantes pour la plupart, portant à la ceinture des gri-gri étroitement serrés. Leur corps est luisant car ils s’aspergent d’eau de temps en temps, mais pas d’huile car c’est interdit.
22h15: enfin l’organisateur, qui a fait brûler de l’encens au milieu de l’arène et jeté du sel tout autour du terrain, annonce le début de la compétition.
22h30: les arbitres arrivent et les premiers combats commencent. Deux lutteurs se mettent à combattre au centre de l’arène sans que les autres ne cessent d’arpenter celle-ci dans tous les sens ; il nous est difficile de comprendre les règles de ce combat que nous ne voyons que par intermittence, les lutteurs qui se préparent étant partout. Dommage.
Ce que nous comprenons de cette lutte sénégalaise est qu’il ne s’agit pas de se donner des coups, mais de tenter de mettre l’adversaire à terre en respectant une gestuelle bien définie.
Nous avons aussi appris qu’il était impératif d’être licencié pour pratiquer ce sport qui peut devenir professionnel et où l’on peut gagner beaucoup.
Pour exemple, hier soir, la compétition était dotée de dix zébus, ce qui représente une somme d’argent considérable.
23h30: nous quittons nos chaises un peu groggys par la musique , mais conscients d’avoir vécu un moment exceptionnel dont nous n’avions pas les codes, mais que nos amis sénégalais apprécient au plus haut point.
Nous nous promettons à l’avenir, de nous rapprocher d’eux, afin de nous aider à percer le mystère de la Lutte sénégalaise.
Coco