A titre personnel, les bénévoles de l’équipe de Teranga à Somone financent chaque année un séjour de quelques jours au Sénégal pour mieux connaître le pays et ses coutumes. Le week-end dernier, ils se sont lancés dans un très long périple en pays Bassari. Claudine Caen nous raconte cette aventure compliquée.
Nous sommes rentrés fourbus à la Somone après un périple de 2000 km qui nous a permis de traverser en six jours le Sénégal d’Ouest en Est, roulant sur des pistes défoncées, poussiéreuses, empruntées par d’énormes camions se rendant au Mali pour la plupart.
Après une journée de trajet, nous sommes arrivés à notre premier campement « Wassadou » près du fleuve Gambie, ruban vert émeraude sur lequel nous avons pu naviguer au petit matin au milieu d’une végétation luxuriante, croisant des hippopotames et des compagnies de singes babouins bruyants et effrontés ; la nuit avait été dure pour eux car une panthère est venue dans le campement les attaquer. Nous avons tous été réveillés par ce tintamarre mais personne n’a osé ouvrir sa case.
Nous avons continué notre route et avons atteint le pays Bassari, but de notre voyage..
Au village des orpailleurs
Puis grande traversée du parc « Nokolo koba », malheureusement pas au meilleur de sa forme en raison de la saison sèche : des arbres recouverts de terre rouge, des vastes étendues de terre brûlée, des termitières, des zébus, des moutons, des singes ….
Sur la route: un village d’orpailleurs. On s’arrête et un orpailleur nous montre comment il procède pour extraire de la poussière d’or, véritable travail de forçat pour peu de résultat. Cette visite nous interpelle tous. Le village est misérable, les enfants s’agglutinent autour de nous, nous prenons des photos, donnons un peu d’argent.
Nous arrivons enfin à notre dernier campement en pays Bassari : Ethiolo. Nous sommes à 2 km de la Guinée et non loin du Mali. Les cases sont typiques du pays Bassari : des pierres pour la base et de la paille pour le toit .
Le maire du village nous attend et nous nous installons sous le manguier pour faire connaissance. L’échange est sympathique. Le maire nous explique les problèmes de son village (éloigné de tout) et aimerait de l’aide pour équiper les jeunes collégiens de vélos pour se rendre au collège distant de 7 km. Nous recevons le message…
Nous partons ensuite pour la place du village où Jean-Pierre nous explique la tradition ancestrale des « initiés » Les jeunes garçons doivent, vers l’âge de six ans, rejoindre tous les soirs une case dans laquelle ils retrouvent leurs congénères pour y dormir ; au bout de six ans, ils peuvent rejoindre la case des « initiés » (?!).
Dénuement total
Nous partons ensuite pour une expédition vers un village de « Bedik », peuple catholique animiste chassé du Mali il y a des siècles par les musulmans .
Puis vient « Antiel », petit village au sommet d’une colline, auquel on accède par un chemin caillouteux et redoutable. Nous sommes accueillis par Jean-Pierre qui parle français et nous présente le chef de village. Nous nous asseyons au pied d’un baobab et écoutons l’histoire de ce peuple martyrisé .
Nous faisons ensuite le tour du village : pas d’eau, pas d’électricité, pas d’hygiène, un dénuement total. Nous terminons par une station dans l’église où notre interlocuteur se place derrière l’autel pour exprimer sa reconnaissance envers le missionnaire qui a construit l’église. Moment d’émotion intense.
Nous redescendons à Ethiolo pour notre dernière nuit avant le retour. Le soir des danses traditionnelles Bassari nous sont proposées. Des hommes et des femmes en costume traditionnel Bassari chantent des mélopées répétitives en exécutant des petits pas glissés sur le sol poussiéreux donnant ainsi un rythme à cet étrange ballet. Nous sommes tous un peu déconcertés par ce spectacle dont le sens profond nous échappe.
Au total, ce voyage fut éprouvant en raison de la distance, de la chaleur et des conditions d’hébergement parfois très précaires, mais il nous a permis de découvrir « le Sénégal profond » que nous n’avons pas l’occasion de découvrir à La Somone, région touristique que nous percevons comme privilégiée lorsque nous rentrons d’un tel voyage.
Coco
Vers la cascade
Autre ethnie
Visites chez les Bassari
Bloc sanitaire